« Les légendes de la steppe exaltent le lien fraternel entre les créatures, elles font l’éloge de
la nature. Certaines nous content des histoires de sagesse où bêtes et hommes partagent et
communient.
Ainsi dans la vallée de l’Orkhon, là où les gers (yourtes) blanches viennent se poser pour
leurs campements de l’été, on raconte que Shunkhlai le chasseur avait blessé une biche à la
patte. Il la suivait quand apparut un grand cerf devant lui sur le sentier. Sans hésiter, il
abandonna la piste de la femelle et suivit le grand mâle. Le cerf monta au sommet d’une
colline et attendit le chasseur. Quand Shunkhlai arriva en haut, le temps de passer encore
une butée, le cerf avait disparu. Se retournant vers la vallée, il aperçut la biche en bas,
allongée dans la boue. Il redescendit et parvint dans un lieu où s’élevait un léger clapotis. Il
s’avança avec précaution et surprit l’animal se baignant dans la source chaude. Au
bruissement des bottes, la biche détala, sa patte semblait guérie. Il y avait de nombreuses
traces de bêtes. Le chasseur comprit. Elle était venue se soigner et au lieu de le perdre, le
grand cerf l’avait guidé jusqu’à la source médecine. Il sourit, posa son arc, renonçant à
traquer la biche, ôta ses bottes et entra dans l’eau boueuse.
Ce jour-là l’une rejoignit sa forêt, sa vie sauvage, l’autre les campements où l’on fut ravi de
connaître la source bienfaisante de Khujirt et son histoire. »
Expression mongole :
Tzegel Hundur : mon âme est haute (je suis heureux, la joie m’élève)
Contes des sages de Mongolie
Patrick Fischmann
G Mend-ooyo
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